Dans le contexte de la négociation, nous avons interrogé une étudiante (attention, c’est une actrice!) pour tester ses connaissances sur l’évolution des effectifs professoraux VS l’évolution des effectifs étudiants.
Visionnez et faites circuler cette vidéo dans laquelle la porte-parole du comité de négo, Madeleine Pastinelli, synthétise les demandes du SPUL relatives à la charge de travail!
Les données compilées par la Fédération québécoise des professeures et professeurs d’université montrent qu’au cours des 20 dernières années, le nombre total de professeur.e.s à l’UL a connu une importante décroissance (-11%), allant totalement à l’encontre de l’évolution constatée dans les universités comparables. Au cours de cette même période, en moyenne, le nombre de professeur.e.s dans les universités québécoises a en effet augmenté de 21%.
Cette diminution du nombre de professeur.e.s à l’UL n’a rien d’étonnant puisqu’au cours de cette même période les conventions collectives UL/SPUL montrent une évolution négative du plancher d’emploi. Ainsi le plancher d’emploi était défini à 1350 professeur.e.s en 1997 (convention collective SPUL/UL 1996-1999), puis il a brutalement décliné (-15%) et n’a depuis jamais retrouvé le même niveau.
Ceci explique certainement une partie des problèmes de surcharge des collègues, d’autant plus que pendant ce temps les effectifs étudiants ont augmenté comme le démontre le graphique suivant. Au cours de cette période, le nombre d’étudiants (équivalent temps plein - EETP) s’est accru de 43% dans l’ensemble des universités québécoises. Si une part importante de cette augmentation est due à la croissance de l’Université de Sherbrooke, de l’Université Concordia et de l’Université de Montréal, pour l’Université Laval, on constate une augmentation de 26% des EETP.
Un simple ratio entre ces deux indicateurs permet de constater qu’au cours de cette période la charge d’EETP par professeur.e. a considérablement augmenté à l’UL (+42%), passant de 17 pour l’année 1999-2000 à 24 récemment. Les seules universités ayant connu une évolution aussi défavorable sont l’Université de Montréal et l’Université du Québec à Rimouski. Les autres universités ont su garder un ratio EETP/professeur.e.s relativement stable au fil des années.
Au niveau collégial, le ministère de l’Éducation et celui de l’Enseignement supérieur du Québec prévoient des augmentations importantes du nombre d’étudiant.e.s inscrits dans les cycles préuniversitaires. Ainsi pour l’automne 2024, le ministère prévoit une augmentation de 12% des effectifs étudiants par rapport à 2019. En ce qui concerne les universités, les prévisions établies en 2018 et 2019 montrent une croissance plus modérée des effectifs étudiants. Pour l’UL, il y aurait une faible réduction des effectifs au premier cycle et une augmentation (+ 5 à 10%) des effectifs aux 2ème et 3ème dans les années à venir (données complètes https://tinyurl.com/yfyw797u).
Toutefois, ces prévisions ne tiennent pas compte de différents paramètres, et historiquement elles ont toujours sous-évalué l’évolution des effectifs étudiants. Ainsi :
Message laissé par un enfant d'une collègue.
Voici une copie de l'agenda d'un collègue s'étalant entre 7h et 23h30.
En rouge: Les cours.
En vert: Les rencontres.
En brun: Le travail individuel.
Situation familiale: En couple avec 2 enfants (2 ans, 6 ans).
« Ma table à manger n’existe plus depuis la pandémie. Mon fils et moi mangeons nos soupers devant la télévision maintenant. Je m’ennuie de nos discussions de ce qu'on a fait durant la journée. »
Voici le reflet de la surcharge de travail pour un collègue au quotidien.
« La tâche de professeur.e est désormais structurée et dictée par la boîte courriel. Un système qui oblige à passer la majorité du temps à gérer la correspondance, à régler des choses urgentes, mais peu importantes ou peu utiles à la réalisation de nos missions. »
« Sortie de fin de semaine en famille : j’utilise tous les moments pour arriver à respecter les échéances… Mais mon chien me rappelle à l’ordre! »
« J’ai eu deux enfants depuis mon entrée en poste et AUCUNE charge de travail ne m’a été enlevée à aucun moment. Sur la photo, on me voit corriger et entrer des notes en fin de session, durant mon supposé congé de paternité. »
Dans la lounge de la classe Affaires de VIA Rail, après une journée de congrès à Montréal, en train de répondre aux courriels, finaliser un résumé de proposition d’article, réviser une thèse de maitrise, corriger un manuel de programme, etc. Le service des finances refuse que je paye un billet en classe Affaires, mais je le paye quand même… Parce que :
Je ne veux pas discuter de ma vie personnelle avec l’adjointe administrative, ni personne d’autre, pour justifier outre mesure mon billet en classe Affaires. J’aimerais avoir la latitude de prendre mes propres décisions fondées sur mes besoins et en équilibre avec une saine gestion de mes fonds. Je travaille au moins 60 heures par semaine. Je ne m’en plains même pas parce que je suis tellement reconnaissante d’avoir mon travail. Mais j’apprécierais avoir des conditions de travail un peu plus accommodantes que celles qui viennent avec un billet « économie », sans repas, sans lounge sécuritaire, moins d’espace, plus du monde...
« Parce qu’on ne veut laisser tomber personne… »
« De mon côté ce sera facile : prenez juste une capture d’écran de votre icône courriels. Je viens de trouver celle-là sur Google pour gagner du temps; mais je suppose que vous avez les mêmes sur vos cellulaires. Mon commentaire court est le suivant : « sans commentaire ».
De mon côté, j’en reçois 60 à 80 par jour en sessions pleines. Je ne parle pas des spams! Je ne parle pas, non plus, des courriels qui sont en fait des courriels-SMS, qui servent de déversoir et de communication en direct avec la fonction « répondre à tous », auquel cas ma boîte augmente de plusieurs dizaines de courriels par jour.
Je parle ici de courriels dont 50% arrivent avec la mention « urgent » et le point d’exclamation rouge, de type « veuillez corriger la thèse suivante ou l’article suivant pour la semaine prochaine », « madame, j’ai trop d’angoisses, je ne peux pas passer mes examens »; « madame, nous n’avons toujours pas reçu votre rapport de recherche »; « madame, pouvez-vous m’envoyer votre CV commun canadien à jour », « bonjour Marie, j’ai une petite demande rapide pour toi »; « bonjour Marie, il faut envoyer le bilan financier pour hier »; « bonjour Marie, nous avons une urgence ici, as-tu une seconde sur Teams »; « bonjour, veuillez suivre la nouvelle formation obligatoire du personnel »; « bonjour, le service technique vous demande de télécharger l’application de protection des données de l’UL ».
Il y a 8h de travail dans une (déjà grosse) journée; chaque courriel prend 5 à 10 minutes de traitement (si on veut prendre soin de nos étudiants, répondre à nos commanditaires et faire tourner nos labos, etc).
Bref, faites vous-mêmes les maths : dans une journée, si je réponds à mes courriels, j’en ai pour en moyenne 6 à 8 heures; il me reste donc, en gros, une heure par jour pour faire mon job.
Alors je fais mon job le soir, la nuit, les fins de semaine. Et dans mon auto; et dans ma baignoire, et au spectacle de danse des enfants (je pitonne sur mon cell au lieu de regarder le show).
Et je me fais critiquer toute la journée (et ça me fait hurler de rage) par des gens qui disent que « j’en fais trop » et que je devrais « apprendre à dire non ». Je dis non à qui en priorité? Au CV commun canadien? À mon étudiant suicidaire? À ma direction de programme? Au CRSH? Ou… à vous, qui me demandez une photo, ce qui m’a aussi pris 10 minutes, mais que je considère bien plus urgent que le reste de mes courriels du jour?
Et non, on n’a plus de secrétaire, comme on avait avant, pour filtrer tout cela.
Moi je n’ai qu’une mesure à vous proposer : interdire aux gens de m’envoyer des courriels, et revenir aux bons vieux courriers papier dans ma boîte aux lettres, pour lesquels il fallait payer un timbre et s’organiser deux semaines en amont avant de me demander quelque chose. »